Par Nadia Billard, rédactrice en chef du Toul’House Magazine
Nous ne pouvions pas refermer cette édition sans vous parler du premier roman de notre rédactrice, Karine Sayagh-Satragno, aux Éditions bordelaises Vents Salés. Soeurs paraîtra le 26 mars dans toutes les bonnes librairies et nous avons interviewé son auteure en avant –première pour les toulousains.
Quelle est la part d’autobiographie dans votre roman ?
Très peu finalement, hormis le fait que je vienne d’une famille juive sépharade. J’aime observer les gens. Si je reste silencieuse à leurs côtés, c’est parce que je suis en train de leur inventer une vie. Il faut éviter de rester dans ma ligne de mire trop longtemps si vous ne voulez pas devenir un personnage !
Pourtant vous évoquez Toulouse dans le roman ?
C’est la ville où je suis née, je connais chaque ruelle et chaque banc. Même si j’ai passé un long moment à Paris, ma cité m’accompagne partout et fournit un imaginaire romanesque inépuisable : les berges de la Garonne et les petits cafés de la Daurade sont un endroit idéal pour trouver l’inspiration ! J’y ai pas mal gratté mes Moleskine !
Quelle place occupe le voyage dans le roman et dans l’itinéraire des personnages ? Avez-vous du boucler vos valises et partir pour écrire ?
Les soeurs ont en effet l’âme bohème, en cela elles me ressemblent. J’ai le gène voyageur – le « wanderlust » – je suis toujours en train de me projeter vers un ailleurs. Je dépense plus en billets d’avion qu’en quoi que ce soit d’autre ! J’aime faire des descriptions très précises des lieux pour qu’ils résonnent auprès de ceux qui les connaissent. Récemment, j’ai loué un appartement aux Buttes Chaumont pour rédiger quelques chapitres de mon prochain roman.
Qui est votre soeur préférée ?
Dans la vraie vie ? Vous voulez me faire des histoires c’est ça ? Non, honnêtement, je n’ai pas de soeur préférée. Elles ont chacune une voix il m’est impossible de choisir entre Tsipora, Ylana, Léna, Naomi et Lael. J’aime leur quête identitaire à chacune.
La cuisine, la gastronomie sont des thématiques récurrentes dans votre roman ?
Lorsque je pense à ma grand-mère maternelle, à ma mère, à mes tantes je les visualise en train de faire la cuisine, debout pendant des heures, à malaxer, à tailler, à trancher, à tresser. Ce sont des gestes que je les ai vus reproduire mille fois. Elles cuisinent pour leur famille, c’est un don de transmettre le goût !
Des projets de livres ?
Un tome 2 pour Soeurs… Une pièce de théâtre aussi ! Je suis hyperactive, j’aime que les projets s’enchaînent avec les rencontres et les changements de paysages !
Résumé
Entre Paris et Tel Aviv, des Buttes Chaumont à Neve Tzedek, cinq soeurs issues d’une famille juive sépharade se racontent, se taisent, s’écharpent, se réconfortent au travers d’une fresque de portraits émouvants ou satiriques où chacun de nous pourra retrouver des siens ou de lui-même.
Tsipora, Ylana, Léna, Naomi, Lael dansent sans le savoir sur un champ de mines, confrontées aux contraintes de la morale, à leurs sentiments, leurs drames personnels et au Destin. Elie Wiesel écrivait que « dans l’histoire juive, la coïncidence n’existe pas ». Dans l’histoire des soeurs Abergel, Dieu semble vouloir rester anonyme mais tout est bien écrit à l’encre indélébile. Soeurs aurait pu s’appeler « Mektoub », il aurait pu s’appeler « Destin » ou « Fatum ».
Silences, dissimulations, disputes, retrouvailles, ce premier roman dévoile progressivement les arcanes d’une famille qui pourrait ressembler à beaucoup d’autres dans son Silence mais décidera finalement que rien n’est plus essentiel que la Vérité.