Les confessions du crieur

 

À 52 ans, Patrick Zévaco est un peintre côté et reconnu par ses pairs. Ce sont les hasards des rencontres et les ratés de la vie qui ont fait de l’homme un artiste sage et libre.

 

La cité comme toile de fond

Issu d’une fratrie de 7 enfants, Patrick évolue tout à côté de sa jumelle mais avec en lui une solitude grandissante et un besoin de créer déjà évident. À elle, on offrait des jouets et des poupées, à lui des feutres et des crayons. C’est dans les caves de la cité de Montauban que Patrick Zévaco a commencé à dessiner. Pas de bombes pour apprentis graffeurs – trop chères pour le budget familial – d’où une propension à s’essayer au croquis mais sans braver l’autorité de son père qui n’aurait pas supporté de voir son fils taguer les murs. Un espace de liberté pour lui. Une sorte de combat contre lui-même déjà !

S’il a appris les bases du dessin à l’adolescence, on peut dire que Patrick Zévaco a tout d’un autodidacte et recherche plus l’émotion que la technique. « Je ne
suis
pas un performeur » répète-t-il, « je vais à l’essentiel ». Très tôt, Patrick se lance à cœur perdu dans ce qu’il appelle la « boulimie du sujet ».

Un touche à tout

Patrick Zévaco se définit comme une « figure libre », il refuse d’être catalogué, étiqueté, classé. Connu pour ses œuvres de Street Art et de Pop Art, il ne souhaite pas être résumé et veut « décider son histoire ». Pour lui, le Street est une mentalité dont il a les codes mais pas la culture, le Pop est une période.

C’est le Sujet qui le fait peindre, il a une boulimie, une frénésie du Sujet. Il a peint l’homme pressé qui fait partie d’une série, les Crieurs à la période de son divorce. Ces temps-ci, le dollar le fascine et il le travaille comme un forcené. Son nouveau leitmotiv, le combat, est à l’état embryonnaire…

Un solitaire illuminé

Si Patrick Zévaco vend des maisons en bois dans la région bordelaise, il est prêt à tout quitter lorsque son Art le lui demande : « je peux m’enfermer 10 jours dans ma maison sans voir personne à me faire livrer mes repas et à peindre, surtout la nuit, dans le silence ». Parfois, l’homme a besoin de prendre
le large, de s’isoler, et voyage en Inde, au Maroc
et bientôt à New-York, à Londres où il se gorge de découvertes artistiques. L’art chinois de Minjun
et
Yan-Pei-Ming dans un hôtel magique d’Inde,
la ligne droite sur tel ou tel exploit architectural. Patrick Zévaco est vorace, passionné et travaille dans son atelier de Montauban ou dans sa maison. Il condamne 2 chambres, abat des murs et s’attaque à des toiles de 2 m de haut avec un acharnement quasi passionnel.

D’autre part, l’homme évoque avec engouement sa rencontre avec le Pasteur Gérard et sa conversion tardive à la religion protestante. Une révélation pour lui qui a fait des études bibliques pour trouver un sens à sa vie. Il en ressort grandi, plus serein, moins matérialiste : « La Bible m’a ouvert les yeux, maintenant seule la peinture me grise ! »

Une autre rencontre, avec un des artistes français le plus talentueux du moment à son sens, le marque profondément : « Il m’a influencé sur la maîtrise des couleurs, l’alchimie, avant je travaillais beaucoup en monochrome ». Il taira son nom et on comprendra
à
demi-mot que son mutisme à son sujet a un sens et que Patrick Zévaco a quelques comptes à régler…

Muse et inspirations

Il y a des années, Salomé sa fille, lui a offert un carnet à dessins avec son premier billet de cinq euros. C’est dans ce carnet, ou d’autres qui l’ont remplacé, que Patrick Zévaco griffonne l’Idée. Il la saisit, il la prend, il capture le moment pour ne pas le perdre. En 2007, il a dessiné Le Crieur sur l’une des pages mais ce n’est qu’en 2013 qu’il a commencé à le peindre. Le dessin est comme un germe, qui grandit, grandit et finit – ou pas – à voir le jour sur une toile…

Le père, petit à petit, se dévoile dans sa fierté : « Mon fils, Baptiste, a l’énergie et l’âme d’un artiste. Il est né comme ça. C’est assez incroyable de le voir s’isoler et dessiner pendant des heures dans sa chambre. Il a 17 ans et le talent est déjà là ! »

Quand on lui demande qui est sa muse, Patrick Zévaco fanfaronne qu’il en a « ras le bol des gonzesses, de la Beauté » et même s’il dit adorer La Femme, sa muse est L’Homme, cet être « chic et choc » qui se dissimule et qu’il se plaît à observer dans sa banalité et ses émotions simples : « Il y a beaucoup de moi dans mes œuvres ». Si Patrick Zévaco était une femme, il aimerait bien ressembler à Songe dit-il en souriant !

Collectionneur, Patrick Zévaco dit « vouloir peindre ce qu’il achèterait pour lui-même, peindre pour soi en quelque sorte… »

La technique Zévaco

Patrick Zévaco a commencé à peindre à l’acrylique ou avec des Posca. Sa technique de prédilection est la peinture à l’huile – qui met de 1 à 3 ans à sécher naturellement. Il aime ce travail lent des huiles, cette langueur qu’elles ont à ne pas se laisser emballer si vite…

Pour certaines expos ou commandes qui requièrent un travail dans l’urgence, Zévaco n’hésite pas à revenir à l’acrylique.

En termes de format, Zévaco adore le monumental !

L’artiste utilise également l’encre de chine pour ses tableaux qu’il appelle des « gribouillis ». Là encore le sujet prend le dessus, l’habite mais il n’est pas dans la performance artistique, dans le détail. Dans le cadre d’un événement Porsche, Zévaco exposera ses portraits à l’encre, – 3 têtes de 2,50 m par 2 m de large : Ne voit pas/N’entend pas/Ne parle pas.

Patrick Zévaco ici et ailleurs…

* Exposition au Spectrum Miami Art Show

* Exposition en exclusivité chez Voltex
(Paris, Bordeaux, Toulouse, Marseille)
pour la marque Artypopart.
www.voltex.fr

* Exposition à La Gallery Next à Toulouse
www.nextgalerie.com

* Exposition permanente à Paris à la Galerie
Ludovic Le Floch et le Floch

* Événement Porsche France à Paris

Patrick Zévaco

07 71 06 20 80
www.patrick-zevaco.fr

patrickzevaco@yahoo.fr

PHOTOS : Cyril Gazagne

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