Des essais à l’art
Quand on zoome sur les yeux aux reflets ardents et éruptifs, nul doute que Clément Poitrenaud n’a pas seulement la passion de tanner le cuir, de camper solide sur ses appuis sur la verte prairie où sentinelle il est tour de contrôle et accélérateur de particules, il commet des excès de vitesse au profit du Stade Toulousain.
L’arrière rouge et noir sait mettre d’autres choses en avant, d’autres images de marques, en plus depuis quelques mois de son image de Marcus, son fils, sa plus belle victoire. Clément Poitrenaud, son look entre barde folk et guetteur expressif, attentif et sensitif, respire l’art darre-darre. Et ce principalement depuis ses 13 ans en croissance, quand il est tombé comme plaqué en plein cadrage par le débordement que lui ont fourni les œuvres de Francis Bacon
à Beaubourg.
Un travail d’une précision chirurgicale, que, lui qui se rêvait médecin, a absorbé comme un comprimé contemplatif pour l’éternité. « L’art contemporain notamment m’attire depuis très longtemps. Je l’aime parce que cela me fascine tout simplement. » Jusqu’au déclic clic-clac photo. « La photo m’est venue naturellement après un voyage au Brésil, avec mon amie, qui elle, faisait des photos pour un magazine. J’ai trouvé intéressant de figer des moments exceptionnels. C’est vite devenu important et presque nécessaire. »
Animé par ce désir de faiseur d’immortalité, et adhérent au précepte d’Ansel Adams, « Tu ne prends pas une photographie, tu la crées », Clément Poitrenaud entre dans cette nouvelle chambre d’expression :
« Grâce à mon ami, Pierre Garrigues, j’ai pu participer en 2011 à une exposition de photographes amateurs, le festival MAP. J’avais carte blanche et j’ai réalisé des photos de mon quotidien au Stade Toulousain. J’en montrais les coulisses. Mathieu Valverde, alors gardien du TFC, en a fait de même avec son club. J’ai été un peu stressé au départ car je ne savais pas comment le public persevait mon travail de petit amateur. »
Le premier grand flash qui a mis Clément Poitrenaud au révélateur, car il venait de trouver son angle de prise. « Je suis plus dans les modules de photo documentaire, de photo reportage, de photo d’actualité que dans la photo d’art, même si je me permettrais de dénigrer un domaine. »
Comme sur le terrain, c’est la scène et les conditions qui provoquent l’appétit de déclencher. Dans ce concept, le nouveau papa copie-colle un des pères inspirés de la photographie, Henri Cartier-Bresson :
« La composition doit être une de nos préoccupations constantes, mais au moment de photographier, elle ne peut être qu’intuitive, car nous sommes en prise avec des instants fugitifs. » Autant d’anti-clichés qui le poussent à vénérer Visa pour l’Image à Perpignan plutôt que des photos cloisonnées dans un musée : « Visa pour l’Image, c’est un sublime tour du monde de l’actualité.
Tu prends cela brut de décoffrage. » En effet, comme un ailier bolide et solide qui te pète plein fer dans les entrailles. Pour Clément Poitrenaud, une photo vaut mille mots. Alors, il faut comme un artisan œuvrer, reœuvrer encore : « Dans la photo, j’ai besoin de m’immerger, de m’impliquer. Je fais cela en toute humilité attention. » Certes, mais il a fait montre de talent pour savoir trouver l’instant de complicité entre la prévoyance et le hasard.
Comme tous ces photos-reporters qu’il mire avec les yeux doux et gourmands : « Les photos-reporters ont un courage extraordinaire. J’adore Stanley Green, Eric Bouvet, Eugène Smith, ce sont des témoins, des messagers. »
Lui aussi sait tenir un discours d’image pertinent en réadoptant l’argentique. « J’adore, car tu modères tes photos.
Tu dois être patient, car tu dois attendre la photo, il y a tout un travail de tirage. C’est comme un cadeau que tu espères… »
Le plus beau, c’est Marcus.